Coups de gueule
Le droit de se réjouir
Trois jours qu'Ingrid Bétancourt et ses compagnons d'infortune ont été libérés. Et, déjà, les premières critiques : "pas l'air si marquée que ça, marre du tapage médiatique, show politique, qu'ils gardent leur bonheur pour leur intimité, etc."
Ben voyons… Au vu des lois médiatiques en vigueur, des critères de sélection de l'info, vous vous attendiez à quoi ? C'est si banal une femme candidate à la présidence d'un pays enlevée et séquestrée six ans dans la jungle par des dingues nostalgiques d'un Grand Soir qui n'arrivera jamais ?
Imaginez un instant, à l'aide d'un bête exemple. Comment vous sentez-vous après une nuit perturbée par un moustique ? Vous captez ? Reportez donc cela sur 6 ans en pleine jungle… Le doute, le désespoir, la privation, l'inquiétude, l'incompréhension, la violence verbale et physique, la maladie (vous n'avez jamais été malade ces 6 dernières années, vous ?), la fatigue, etc.
Six ans à la merci de tout : d'un microbe, d'une infection, d'une araignée, d'un serpent, d'une balle perdue ou voulue, d'un bombardement…
Le destin et la libération d'Ingrid Bétancourt sont exceptionnels. Ca vaut bien quelques jours de battage médiatique. Pour elle, pour ses compagnons libérés, et surtout pour ceux qui sont encore aux mains des FARC.
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Nulle part ailleurs
Je lis dans le Foot Magazine du 16 mai que Luciano D’Onofrio envisage de quitter Sclessin et de construire un nouveau stade de 40 000 places ailleurs.
Même s’il s’en moque, je ne suis pas d’accord. Sclessin, c'est un tout.
Un stade historique qui a évolué mais qui reste porteur de tant d'exploits, de légendes, d'anecdotes, d'émotions en tous genre (même contre Arsenal ou Bilbao ).
C'est une atmosphère, aussi. Pour ceux qui, comme moi, ont toujours dû faire une longue route pour y arriver, c'est déjà rien que le plaisir de prendre la route (ou le train, autrefois). Décompter les sorties d'autoroute et 'plonger' vers la vallée de la Meuse. Rien à faire, à chaque fois, j'ai le sentiment d'arriver 'chez moi'. Un sentiment enfoui quelques années, parce que j'avais d'autres priorités (famille, travaux...) et que les 'donofriconneries' à répétition ne me donnaient guère l'envie de me forcer. Mais la flamme a toujours été là, et elle se ravivait quand, peut-être deux, trois ou quatre fois l'an, j'y retournais.
Humer l'ambiance d'avant-match dans ce quartier, l'odeur délicieuse des infâmes saloperies caloriques vendues par Beckers and Co et les chopines avec des potes au Bois d'Avroy, ça reste des moments exceptionnels.
Et puis, entrer dans ce stade, dans cette arène et se plonger dans son ambiance. Faut dire qu'on a un bon 'chauffeur' de stade, il sait y faire pour faire monter l'ambiance, le bougre. Chaque supporter, chaque couple, chaque groupe a sa tribune favorite. Elles sont, finalement, toutes tellement complémentaires, ces artères qui font battre le coeur rouche. Celui qui ne trouve pas la place qui lui convient à Sclessin doit changer de hobby.
Et ce supportérisme qui a évolué. Je n'ai pas connu les années de gloire du club à Sclessin, celles où on poussait les gens pour tirer un corner. J'y ai mis les pieds pour la première fois en 1986, à l'époque où l'ambiance anglaise se développait grâce au HS 81, d'abord du bas de la T4 actuelle, puis de la T3. Puis le mouvement méditerranéen des ultras qui a grandi à partir de la moitié des années 90. Il y a 3 ans, le PHK. C'est unique en Belgique, ça. C'est au Standard, et le Standard, c'est à Sclessin et nulle part ailleurs.
On ne déracine pas un vieux chêne pour le replanter ailleurs. On le soigne, on l'entretient, mais il reste où il est. Personnellement, je me fous d'un stade énorme et ultramoderne. Le modernisme a déjà fait assez de mal à l'ambiance comme ça. L'histoire est ancrée dans certains lieux. On ne va pas reconstruire le lion de Waterloo à Nivelles ou l'Atomium à Charleroi.
40 000 personnes pourquoi ? Pour en mettre 35 000 trois ou quatre fois l'an ? On est dans le football belge... Pour remplir un stade, il faut l'équipe qui va avec. Ce n'est pas quand je lis l'interview de Luciano D'Onofrio dans le Foot Mag' du 16 mai que je me dis qu'on est prêt d'arriver à former une équipe jouant les premiers rôles en permanence.
Pour aller en Champion' League ? On avait l'occasion d'y aller en août 2006, on ne s'en est pas donné les moyens. Vous croyez que ça changera ?
Faut-il, du reste, déraciner les quelque 15 000 fidèles pour tenter de séduire la masse dormante des opportunistes qui se sont réveillés pour la finale de la Coupe de Belgique ? Je ne le pense pas.
Bref, si Anderlecht veut déplacer sa cathédrale, je ne vois vraiment pas pourquoi on devrait faire de même. Le rouche, c'est à Sclessin et nulle part ailleurs.
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'Quousque tandem abutere, Maria, patientia nostra?'"
Traduction : "Quand cesseras-tu, Marie, de te jouer de nous ?" Excellente interpellation des écolos sur les ‘rumeurs’ relatives la proposition de Marie Arena de supprimer l’enseignement du latin. Et les Verts, que l’opposition semble inspirer à merveille, de décocher une autre flèche en direction de la ministre-présidente de la Communauté française : "Peut-être une nouvelle 'erreur de communication'... ou bien un ballon d'essai auto-dégonflable en cas d'orage".
Le MR s’est également interrogé sur cette volonté de supprimer des programmes scolaires « tout ce qui demande un effort ».
Je ne peux que leur emboîter le pas. Le wallon est aujourd’hui réduit à deux fois rien, et voilà qu’on veut supprimer l’enseignement du latin.
Pourquoi passer ainsi au pesticide politique toutes nos racines ? Que l’apprentissage des langues dites ‘mortes’ ou presque ne soit pas obligatoire est logique. Mais que cela disparaisse même des cours à option serait une ineptie.
Tant qu’on y est, que le cabinet Arena remplace les cours de latin par des leçons sur le verlan ou le langage SMS. C’est plus branché et ça te kifferait hein, Marie ? Yo !
Mise en ligne dimanche matin par quatre étudiants, une pétition "pour le maintien du latin en secondaire" a déjà recueilli quelque 1.500 signatures en 36 heures. Cette pétition se trouve sur le site www.latin.be.tf
Déjà 10 000 signatures
Les initiateurs de la pétition pour le maintien des cours de latin dans le cursus secondaire ont annoncé que leur texte a dépassé ce jour les 10.000 signatures.
Selon les quatre personnes, qui se présentent comme anciens latinistes de la région de Gembloux et de Braine-le-Comte, beaucoup de professeurs, d'étudiants, de députés, et journalistes ou de personnalités intellectuelles figurent parmi les signataires. Ils disent réfléchir à la date de clôture de leur pétition et de sa remise à la ministre-présidente du gouvernement de la Communauté française Marie Arena. Cette pétition a été lancée le dimanche 13 février, à la suite de la polémique intervenue à propos des intentions prêtées à Mme Arena de vouloir supprimer les cours de latin au premier degré du secondaire.
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Manque de talent ? Vraiment ?
Les échecs répétés des Diables Rouges et d’Anderlecht en Champion’s League font resurgir les constats de faiblesse et de manque de talent du football belge. Nombreuses statistiques à l’appui, la presse sportive nous bassine d’analyses sur le déclin du sport roi en Belgique.
Mais si les résultats sont décevants, sont-ils pour autant imputables à une raréfaction du talent footballistique ‘made in Belgium’. Je ne le pense pas.
D’abord, parce que la Belgique a rarement eu de très grands talents. Van Himst, Scifo, Preud’homme, Gerets et Van Moer sont les noms qui sortent du lot. Mais ce n’est pas leur faire injure que d’affirmer qu’ils n’ont jamais - ou rarement - atteint les sommets du football mondial. Les grands clubs de la planète ne se sont jamais arrachés ces joueurs. Même si pour Van Himst et Van Moer, l’époque était différente de celle d’aujourd’hui.
Ensuite, qui peut prétendre sérieusement que notre foot est vraiment exsangue ? Kevin Vandenbergh, Jonathan Blondel, Vincent Kompany, Anthony Vandenborre, Silvio Proto, Thomas Buffel, Stijn Huiseghems, Wesley Sonck, Emile M’Penza, Daniel Van Buyten… n’ont aucun talent ? Sont-ils moins doués que des Danois, des Bulgares, des Polonais, des Norvégiens, des Grecs, des Turcs et tant d’autres encore ?
Non, pour moi, le problème du football belge n’est pas lié au manque de talent. Les équipes belges des années 70 et 80 n’en recelaient pas davantage. Ce qui, aujourd’hui, fait défaut, c’est la mentalité, la soif de vaincre, l’envie de former un groupe et de se dépasser. Le complexe du « petit Belge content d’être là », le « c‘est normal qu’on soit battus, ils sont plus forts que nous », ils ne connaissaient pas. C’est cela qu’il faut retrouver.
Nos coaches doivent réinculquer cet état d’esprit, et en revenir aux recettes qui ont fait nos succès. Jouer malin et refaire peur, par notre roublardise, aux grandes puissances de la planète football.
Bien sûr, cela n’empêche nullement de repenser la politique sportive de notre pays, la formation des jeunes. Mais ne nous leurrons pas, c’est un combat de longue haleine que le monde politique et nos clubs les plus puissants ne veulent pas (encore ?) mener. Sans doute parce qu’il faut semer beaucoup et longtemps pour récolter une petite élite.
En attendant, revenons-en à nos valeurs et à l’essentiel, pour assurer l’immédiat.
En football, la seule vérité est celle du résultat. Et pour un ballon sur le poteau, pour un pénalty oublié, une occasion ratée – cela arrive aux meilleurs joueurs du monde -, la presse sportive passe du blanc au noir. Un peu de mesure et stop aux analyses sloganesques sur le manque de talent supposé de nos joueurs.
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De l’incohérence de la presse sportive
Cela fait maintenant une dizaine d’années que les journalistes sportifs belges se plaignent du manque de qualité du championnat de Belgique, et plus globalement de notre football. Ils sont soutenus en ça par quelques entraîneurs à la retraite qui, forts de leurs expériences à l’étranger, ne ratent jamais une occasion de dénigrer notre compétition.
Pourtant, chaque week-end, on voit de très beaux matches sur nos pelouses. Des gestes techniques raffinés, des buts magnifiques, des rebondissements, du suspense et des supporters qui vibrent et vivent au rythme de leurs favoris. Malheureusement, pour les tristes sires, un derby milanais se soldant par un infâme 0-0 vaudra toujours mieux qu’un match belge où tombent des buts.
Ce sont sans doute ceux-là qui, depuis deux ou trois semaines, nous bassinent les oreilles avec les futurs départs des deux frères M’Penza de notre championnat. Ils sont trop forts, paraît-il. »Ce serait con qu’ils restent », assène Raymond Goethals.
Et pourquoi, finalement ? M’bo est comme un poisson dans l’eau à Mouscron et Emile retrouve son football à Sclessin. Ce n’est pas leur faire injure d’affirmer que leurs expériences à l’étranger n’ont, jusqu’à présent, guère été concluantes. Aujourd’hui, ils enflamment notre football.
Nous ne sommes bien sûr pas dupes : ils repartiront tôt ou tard. Mais ce sera quand cela les arrangera, pas quand Raymond Goethals, la RTBF ou la Dernière Heure le décideront.
Il serait temps, dans ce pays, que la presse sportive pense à unir les forces plutôt qu’à diviser, à renforcer plutôt qu’à affaiblir. Pourquoi, dès qu’un joueur laisse entrevoir de belles possibilités ou revient à son meilleur niveau devient nécessairement « trop fort pour la Belgique » ? Ca fait plus de vingt ans qu’on n’a plus raté une Coupe du monde de football. Avec un minimum de réussite, les Diables Rouges étaient à l’Euro 2004. Bruges et Anderlecht jouent encore pour la qualification en Champion’s League à une journée de la fin. Et jusqu’à preuve du contraire, les clubs belges ont gagné plus de Coupes d’Europe que les clubs français.
Alors, stop au complexe du petit Belge. Et que les spécialistes de la presse sportive pensent un peu positivement. Wallons contre Flamands, joueurs contre coachs, clubs contre clubs… ça devient lassant. Le sport belge, au sens large, n’est pas si faible ou malade que ça, vu les moyens que les autorités politiques veulent bien y accorder. Henin, Clijsters, Sarkany, Everts, Van Peteghem, Duez, Van Lierde… et tant d’autres méritent des encouragements. Et qu’on foute la paix aux M’Penza. Ils sont assez grands pour savoir ce qu’ils veulent.
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Numéro 1. Tout simplement
Voilà, la gamine de Marloie ne jouera pas la finale du Masters, mais elle sera n°1 mondial jusqu’au début de la prochaine saison. L’aboutissement d’une saison pleine où elle a levé les trophées de Roland Garros et de l’US Open.
Grâce à Justine Henin et Kim Clijsters, la Belgique compte deux championnes d’exception. C’est magnifique pour un petit pays comme le nôtre. Plat pays où l’on ne consacre qu’un minimum de moyens à la pratique sportive.
Petit pays, mais aussi petite mentalité puisque apparemment, abondance de biens commence à nuire et que beaucoup essayent d’opposer deux personnalités très différentes.
D’un côté, la petite Wallonne, technique, au mental fragilisé par les affres d’une existence qui ne l’a guère épargnée jusqu’à présent. De l’autre, la puissante Flamande qui croque la vie à pleines dents sans se poser de questions. La technique contre la puissance. La n°2 contre la n°1, et maintenant l’inverse.
Au lieu de profiter pleinement de cette chance, une partie de la presse cherche le scandale, manipulant à souhait des gens naïfs. Accusations de dopage sur Justine. La nouvelle cible est maintenant son mari qui souffre d’un coup de blues à parcourir le monde. Pas malignes tes déclarations, Pierre-Yves Hardenne. Il est des problèmes qui se règlent dans le cocon familial, pas dans la presse populaire qui n’attendait que ça.
Et pendant que l’Allemagne glorifie son arrogant Schumacher, que la France s’enthousiasme pour tout ce porte un maillot bleu frappé du coq ou l’étiquette française, la Belgique se divise sur ses championnes.
Prétentieuse la Juju ? Peut-être. Mais doit-elle dire qu’elle a mal joué quand elle estime le contraire ? Veut-on entendre sortir de sa bouche un discours à la Eddy Merckx : « Euh, je suis contente d’avoir gagné, mais j’essayerai de faire mieux la prochaine fois. »
Comédienne aussi ? Elle simule des blessures ? Possible, mais nous ne sommes pas dans sa chair pour juger. Elle n’a pas la constitution d’une Clijsters ou d’une Williams et la simulation et le bluff font malheureusement partie du sport. Tout le monde loue l’intelligence d’Armstrong lorsqu’il laisse paraître une faiblesse dans l’Alpe D’Huez, avant de clouer ses adversaires sur place. Beaucoup pardonnent les plongeons de Dindane parce que c’est un artiste constamment matraqué.
Laide également, Justine, à en croire les commentaires de ceux qui la traitent de « boutonneuse », « laideron », « mocheté », « sans nichons » et même « morue ». Toujours plus bas…
Kim Clijsters, plus cool, souffre moins de ce genre d’attaques. Sa personnalité s’y prête moins. Et son père Lei veille au grain. Nous n’avons pourtant guère entendu de tollé lorsqu’on a prêté à Kim l’intention de devenir australienne pour… payer moins d’impôts. Et le ministre des Finances, Didier Reynders, d’y aller d’un vibrant : « Qu’elle me contacte et on trouvera des solutions. » Beaucoup plus immoral, selon moi, qu’un simulation de blessure.
Mon propos n’est pas de dire que parce qu’elles sont au sommet, il faut absolument les apprécier et tout leur pardonner. J’admets difficilement, par exemple, que l’une et l’autre renoncent à la Fed Cup ou que Kim ne participe pas aux Jeux Olympiques pour une question de sponsors. Mais ne tombons pas dans la bassesse.
Les attaques contre Justine Henin ne sont pas neuves. Il n’y a guère de temps, une autre Wallonne, Dominique Monami, avait aussi subi les affres de la célébrité.
Justine Henin n’est pas la plus jolie fille du circuit. Elle n’est pas, non plus, la plus sympathique. Aujourd’hui, elle est tout simplement la meilleure. Et je suis plus fier d’être le compatriote de Juju que celui d’Anna Kournikova.
Alors, Juju ou Kim, Kim ou Juju, moi je savoure l’instant présent. Justine est n°1. Bravo et tant mieux. Si Kim le redevient, ce sera très bien aussi.
Nous vivons une période tennistique exceptionnelle. Ne la gâchons pas avec nos disputes de clochers. Ces deux championnes valent mieux que ça.
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